Extrait de Mâcon Info

Publication du vendredi 21 avril

Lutte contre le gaspillage et création de lien social sont les moteurs de l’association Repair Café dont le concept connait un véritable engouement

Créatrice et présidente du Repair café du Mâconnais, Martine Dumas plante le décor et résume avec dynamisme la démarche : « Il est indispensable de réagir face à la situation environnementale, au pillage des ressources et à la surproduction des déchets ››. Elle rappelle aussi l’intérêt face à l’isolement des personnes. « En réparant, on crée du lien social, du lien humain, de l’échange et on partage des compétences puisqu’on fait de la co-réparation avec les personnes qui apportent leurs objets. » Créé il y a une douzaine d’années par une militante écologiste néerlandaise, le concept de Repair Café est devenu un réseau international implanté dans de nombreux pays et ne cesse de se diffuser à travers les territoires, comme c’est le cas à Mézériat, Saint-Bonnet-de-Joux ou Thoissey qui ouvre prochainement.

On peut parler d’innovation sociale pour Repair Café qui est une forme de solidarité humaine, éco-engagée répondant à plusieurs besoins. C’est quelquefois le refus du gaspillage qui est la préoccupation majeure. Pour d’autres, ce sont des motivations financières (diminution des dépenses du ménage, revalorisation de ce que l’on possède) ou plus sociales (contacts entre voisins, lutte contre la solitude en impliquant les personnes âgées ou les chômeurs, partage de connaissances). Cette diversité explique le grand brassage des catégories sociales au sein d’un même groupe.

Cinq tonnes de déchets évitées !

En donnant une seconde vie à des appareils en panne, les 85 bénévoles du Repair café Val-de-Saône prolongent la durée de vie des objets et revendiquent plus de cinq tonnes de matériel ayant échappé à la déchetterie.

Chacun met son savoir-faire bénévolement au service de tous. Le point commun de ces bénévoles passionnés ? L’envie de redonner vie à des appareils mécaniques, électriques ou électroniques, mais aussi à des vêtements, grâce à une équipe réparation couture féminine, afin d’éviter qu’ils ne se retrouvent en déchetterie. « C’est un besoin pour ces bénévoles de faire et faire ensemble. Si notre association est dans une dynamique de succès, c’est parce que l’on est dans le faire et non dans le discours. »  Ce credo de la présidente est partagé par tous les acteurs comme Gilles retraité d’Orange : « J’adore dépanner, nous constituons une équipe ouverte et très sympa » ; Josy, responsable de gestion reconvertie à la couture : « Je suis passionnée de couture, j’aime créer mais surtout faire plaisir aux gens », ou encore Noémie sage-femme, qui élève ses enfants : « C’est passionnant de partager son savoir-faire et ses passions. Pour moi la couture est un moyen d’apporter aux autres, de rencontrer, la cause est noble ». Même engouement du côté des utilisateurs comme Christophe : « Je suis heureux de pouvoir venir en fin de journée, heureux de l’aspect humain des échanges, je suis aussi là avec ma TV, ma pièce détachée, pour apprendre, c’est formidable. »

Il faut reconnaître que le concept est bien rodé. L’adhésion est à prix libre et la réparation est gratuite. Un bon de réparation est rempli et vous êtes orienté vers le réparateur. Vous avez besoin d’une pièce de rechange : le réparateur vous donne les références et vous revenez la fois suivante pour finaliser la réparation.  

A la recherche d’un local

La grande salle de sports de la MJC de l’Héritan s’est donc transformée pour une soirée en un grand forum d’échanges, de rencontres et de bricolage. Parmi les bénévoles partageant leur passion, beaucoup de retraités bien sûr, mais 11 bénévoles sont des actifs. Martine Dumas lance un appel : « Le gymnase qui nous accueille à la MJC, va très prochainement être en travaux, nous recherchons des locaux 150 m2, notre demande est déjà auprès de la mairie, au vu du succès de notre démarche, il n’est pas envisageable de s’arrêter… ».

En cette session test (la deuxième), l’association a prolongé l’ouverture jusque dans la soirée afin d’offrir le service à ceux qui travaillent. Vers 20 heures, ce sont près de 80 personnes qui avaient bénéficié de cette session. Le succès ne se dément pas.      

Jean-Yves Beaudot

Les photos de l’article: